En 1990, Benetton, réputé pour ses campagnes provocantes, affichait le sourire d’un jeune trisomique dans l’une de ses publicités. Depuis 2012, les industriels de la mode ouvrent timidement leurs portes aux mannequins très atypiques, en dehors de toute norme de beauté marketing. Mark and Spencer fait apparaître un petit anglais trisomique dans sa nouvelle campagne de Noël, Diesel choisit une bloggeuse mode atteinte de dystrophie musculaire comme égérie 2013, tandis que pro Infimis crée à Zurich des mannequins handicapés pour les vitrines de fin d’année. En 2014, lors de la prestigieuse Fashion week de New York, une jeune femme de 31 ans quadri-amputée à la suite d’une méningite a réalisé son rêve en défilant pour une styliste. Le styliste japonais Takafumi Tsuruta fait quant à lui défiler des sportifs handicapés sur la Fashion week de Tokyo pour présenter sa collection prêt-à-porter automne hiver 2015-2016. Ces petites initiatives isolées en matière de prêt à porter et handicap bougent les codes du mannequinat et les profils des corps très normés. Loin d’être représentatives d’une quelconque inclusion des personnes handicapées dans le secteur de la mode, elles n’en démontrent pas moins d’une volonté certaine de parler diversité.
Des marques et stylistes se penchent sur le sujet prêt à porter et handicap
Dans un esprit similaire, certaines marques et stylistes se penchent depuis peu sur la question du vêtement et de sa pertinence pour la personne qui vit en fauteuil roulant. Trouver des vêtements à la fois confortables et à la mode, c’est un défi lorsqu’on est en situation de handicap. Les articles sont conçus pour « le client vivant debout », une aberration lorsque l’on sait que chaque personne passe le plus clair de son temps assis (en voiture, au bureau, pour manger).
Les contraintes de facilité d’enfilage ne sont pas non plus prises en compte par les créateurs et rendent difficiles les sélections des personnes en situation de handicap. En France, l’association COVER et l’entreprise J’AVAIS PAS VU ® ont pour vocation de rapprocher les univers de la mode et du handicap. De plus en plus sollicitées, elles organisent des testing de vêtements avec des personnes à mobilité réduite et vont prêcher la bonne parole auprès des créateurs et industriels. Cette année, Kiabi aura franchi une étape indéniable dans la création vestimentaire en s’associant à la créatrice de la marque « Les loups bleus » proposant des vêtements adaptés aux enfants en situation de handicap. Une collection bien pensée de vêtements souples et faciles à enfiler, pour que chacun y trouve satisfaction en termes de style, d’autonomie pour l’enfant et de gain de temps pour les parents. Un exemple à suivre, et le début, espère-t-on, d’une longue série de créations accessibles au plus grand nombre et pensées pour le bon confort de tous.
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