Snapchat, facebook, twitter ou Instagram : ils font partie de la vie de millions d’utilisateurs. Chacun utilise ces médias sociaux pour dire un peu de son histoire, de son humeur ou de ses idées. Si ces habitudes ludiques rythment notre quotidien, la mécanique interroge aussi l’impact de ces nouveaux usages sur l’estime de soi.
On y jette un œil furtif de temps en temps, on y publie de jolies photos, des selfies à la plage ou dans le dernier lieu à la mode. On assiste ou participe à la digitalisation de la vie quotidienne, avec autant de mises en scène valorisant le toujours plus beau, toujours plus harmonieux, toujours plus spectaculaire. Instagram foisonne ainsi d’individus dans une forme olympique, entourés d’amis, visiblement heureux, profitant de vacances ou de soirées festives. On se markette sur la toile, occultant volontiers la partie du réel la moins séduisante. On se joue dans de nouvelles images, comme pour y croire, et recevoir, au passage, l’approbation du plus grand nombre. Le nombre de like ou de follower et les commentaires font office de baromètre booster d’estime de soi. Peu à peu et au gré des publications, une impression d’être se construit dans le regard de l’autre.
Ce sentiment d’identité offre à l’utilisateur la possibilité de se vivre dans de nouveaux attributs : ce sentiment d’être apprécié fluctue au gré des posts et contribue à construire un sentiment d’identité : plus doux, plus sexy, plus sportif, plus dynamique, pour se plaire un peu plus et susciter le désir chez l’autre. Carine avoue avoir beaucoup investi les réseaux sociaux au moment de sa maladie : « je faisais un selfie dès que je me sentais mieux, ou dès que j’étais présentable… entre deux chimios, après une marche tranquille au grand air, un bon resto, ou un shopping réparateur ». Les réseaux sociaux ont cela d’avantageux qu’ils permettent de partager au monde les meilleurs moments, et occulter une réalité bien plus difficile. Une façon d’enraciner le positif, à tout jamais, et de renforcer cette capacité à surmonter les obstacles, tout en vivant une vie « normale ». Rebekah, suivie par plus de 8000 abonnés, est devenue une adepte des publications quotidiennes : « les réseaux ont transformé ma façon de penser mon handicap et mon propre corps : ça a tout changé ».
Cadrer, recadrer ses images, les embellir, éventuellement les retoucher : autant d’opportunité de contrôler son image, et de la façonner à ses besoins. Un moyen de se vivre actif, même quand on ne l’est pas « mes publications, je crois qu’elles montrent que le handicap n’est pas une fatalité », explique Thomas.
Si la toile peut être une aide ponctuelle dans la valorisation de l’estime de soi, la survalorisation du physique et du paraitre qu’elle impose comme dictat génère parfois chez l’autre un goût amer. La comparaison sociale, inévitable, crée alors ce sentiment de ne pas « être suffisant beau, bon, performant », ou de vivre une vie sans intérêt. Les influenceurs actifs ne sont pas non plus épargnés par ces mêmes méfaits, vivant parfois deux identités : l’une virtuelle, très contrôlée et réinventée, l’autre, nettement moins romancée, baignée des petits travers de la vie quotidienne.
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